Nathan Doléac (IPSA promo 2022) : un IPSAlien actif sur YouTube !
Aéronautique

Nathan Doléac (IPSA promo 2022) : un IPSAlien actif sur YouTube !

Étudiant en 5e année à l’IPSA Paris au sein de la Majeure Management de projets industriels, Nathan Doléac (promo 2022) n’est pas qu’un futur ingénieur prometteur. Se destinant à devenir pilote par la suite, cet IPSAlien anime également sa propre chaîne YouTube pour cultiver et partager sa passion de l’air et de l’espace. Une mission noble et prenante qui lui a déjà permis d’inviter plusieurs acteurs du secteur, comme dernièrement le célèbre astronaute Jean-François Clervoy, et de collaborer étroitement avec Xavier Tytelman, un vidéaste reconnu de l’aéronautique. Il était temps pour l’interviewer d’être interviewé à son tour.

 

 

Pourquoi as-tu choisi de devenir ingénieur ?

Nathan Doléac : Je suis passionné par l’aviation depuis tout petit et j’ai toujours voulu devenir pilote. Or, parce que les études de pilote coûtent cher, qu’elles sont difficiles et que les places de pilote sont rares, j’ai suivi les conseils que l’on m’a donnés au lycée en voulant obtenir un autre diplôme solide avant de me lancer, au cas où. J’ai alors choisi de me diriger vers des études d’ingénieurs à l’IPSA, parce que c’est également un domaine qui me passionne, et aujourd’hui, je constate avoir fait le bon choix : beaucoup de matières se recoupent avec les études de pilote et c’est très complémentaire. Cela m’a ainsi permis d’acquérir énormément de connaissances sur des sujets techniques tels que la mécanique du vol, la motorisation ou la structure d’aéronefs, mais de développer pas mal de compétences transverses comme le travail en équipe, le management, etc. Je vais donc arriver sur le marché de l’emploi avec une double compétence et une vision plus globale.

 

Te souviens-tu de la première fois où tu as souhaité devenir pilote ?

Nathan Doléac : La graine a germé très jeune alors que, pourtant, aucune personne de ma famille ne travaille dans le secteur de l’aviation. Par contre, j’ai eu la chance de pouvoir voyager très tôt – j’ai pris mon premier avion alors que j’avais à peine 6 mois ! Je pense que tout a démarré de cette façon. D’aussi loin que je me souvienne, quand on me posait la question de savoir ce que je voulais faire plus tard, je répondais toujours « pilote ». J’avais même rajouté à mon premier vélo des ailes en carton et des gobelets pour imiter les réacteurs. Par la suite, ce rêve ne m’a jamais quitté et, au lycée, j’ai pu continuer à le cultiver en passant mon BIA, puis ma licence de pilote.

 

Nathan Doléac (IPSA promo 2022) : un IPSAlien actif sur YouTube !

 

Tu aurais pu garder ta passion pour toi, mais tu as décidé de la partager en devenant vidéaste sur YouTube. Pourquoi ?

Nathan Doléac : Comme beaucoup de personnes, j’aime passer du temps sur YouTube pour y apprendre de nouvelles choses. Et en aéronautique, il n’y avait qu’une seule chaîne que je suivais assidument, c’était celle de Xavier Tytelman : une chaîne très active, avec beaucoup de sujets, de reportages, de visites de sites d’exception… Certes, sa chaîne me plaisait énormément, mais je ne pensais pas forcément créer la mienne à mon tour. En fait, tout a démarré en mars 2021, après que j’ai pu discuter avec un pilote d’une situation délicate en vol qu’il a eu à gérer. J’ai trouvé son histoire passionnante et je me suis instinctivement dit que ce serait intéressant de pouvoir justement parler de ces parcours de l’aviation et de ce que peuvent vivre les pilotes, sachant qu’aucun d’entre eux n’a connu la même trajectoire – plus j’en rencontre et plus je m’en rends compte. Certains sont passés par l’Armée, d’autres par l’ingénierie, certains viennent du secteur privé, d’autres ont été des Cadets de l’Air, certains font de l’humanitaire, le tour du monde ou du transport aérien… Il y a vraiment beaucoup d’histoires à raconter. J’ai donc voulu créer ma chaîne YouTube pour rencontrer ces gens-là et partager cette passion commune qui nous anime. Cela faisait aussi écho à une année 2020 un peu compliquée à cause de la Covid-19 : je voulais avant tout me faire plaisir.

 

Ta chaîne marche bien ?

Nathan Doléac : Plutôt oui ! Ma première interview a été celle de Nicolas Tenoux, un Ancien de l’IPSA. Puis j’ai poursuivi avec d’autres pilotes et, aujourd’hui, j’essaye également d’élargir le spectre en invitant, par exemple, Jean-François Clervoy. Au fond, le spatial et l’aéronautique sont étroitement liés pour moi et je vois ces vidéos comme un bon moyen de parler des sujets qui m’intéressent. Après, je ne prétends pas du tout être devenir un vrai YouTuber : je reste avant tout un ingénieur et un futur pilote. Je fais juste ça en amateur et modestement, sans me prendre la tête, et j’ai la chance de voir qui mes vidéos commencent à plaire, à trouver leur public. Je me régale et c’est cool !

 

 

En parallèle, tu as également commencé à travailler avec celui qui t’a donné envie de te lancer, Xavier Tytelman. Comment la connexion s’est faite et que fais-tu avec lui ?

Nathan Doléac : Cela s’est fait au même moment où je créais ma chaîne YouTube. Je ne connaissais pas Xavier personnellement à l’époque et j’ai juste voulu lui envoyer un message sur LinkedIn pour lui dire que j’adorais ce qu’il faisait et lui proposer éventuellement une aide extérieure pour la préparation de certains de ses futurs sujets. Il s’est tout de suite montré intéressé et nous nous sommes parlé dans la foulée par téléphone. Il m’a alors proposé de plancher sur la préparation d’une vidéo concernant la sécurité aérienne – une vidéo qui devrait sortir prochainement. J’ai continué à faire des recherches sur quatre autres de ses vidéos, puis j’ai varié mes missions en me dirigeant plus sur du conseil à ses côtés, avec une première vidéo sur l’intelligence économique à travers le cas du Sonic Cruiser de Boeing. Il avait déjà fait un mémoire de fin d’études sur le sujet et je l’ai approfondi tout en proposant un support visuel plaisant pour les spectateurs. La vidéo a cartonné, avec près de 200 000 vues, et nous nous n’y attendions pas du tout ! Par la suite, j’ai aussi fait pas mal d’analyses techniques, comme sur le business model des drones taxis. En général, Xaxier me parle d’un sujet qu’il souhaite aborder et me demande de faire une étude ensuite. Pour les drones taxis, il m’a par exemple demandé de dresser un état des lieux des différents appareils du genre selon les marchés – Europe, Asie, Amérique du Nord… J’ai ainsi fait une autre étude sur les équipements de Défense et militaires, puis récemment, j’ai pu mener deux missions particulièrement intéressantes en prospective économique : une sur l’évolution des avions de chasse sur le marché en fonction de leurs différents critères d’évaluations (rayon d’action, vitesse, capacités d’armement, de furtivité…) et une sur les perspectives de sortie de crise de l’aérien en me basant sur les rapports fournis par les agences aériennes et constructeurs. Xavier me fait confiance, me confie certaines responsabilités et je l’en remercie. Il m’a aussi emmené avec lui visiter Safran en septembre dernier et découvrir les projets d’électrification de l’aérien, les nouveaux moteurs. Sans lui, cela aurait difficile, voire impossible, d’accéder à un tel site. C’est donc un travail extrêmement passionnant qui me permet d’apporter un autre regard sur le secteur et d’apprendre aussi de nouvelles choses, notamment sur l’aspect militaire, un sujet avec lequel je n’étais pas vraiment familier au départ, et l’aviation durable. Ce dernier sujet tient vraiment à cœur à Xavier et c’est normal : le grand public ne le sait peut-être pas, mais le secteur de l’aviation fait énormément de choses là-dessus, à l’image d’Air France qui vient de recevoir son A220, un avion extraordinaire en termes de performance.

 

Nathan Doléac (IPSA promo 2022) : un IPSAlien actif sur YouTube !

Nathan et Xavier Tytelman lors de la visite de Safran

 

Comment trouves-tu le temps de faire tout cela en marge de tes études à l’IPSA ?

Nathan Doléac : Bien sûr, je travaille beaucoup, mais j’ai surtout la chance de faire quelque chose que j’aime, que ce soit à l’IPSA ou en dehors. Et ça, je sais que c’est un luxe, un privilège. Évidemment, c’est aussi une organisation à avoir, pour également réussir à se réserver du temps pour sa vie privée. En général, mon leitmotiv, et parce qu’on a tous seulement 24 heures dans une journée, c’est de faire les choses uniquement quand je sais que je vais pouvoir bien les faire, sinon je ne perds pas de temps dessus. Il faut aussi rappeler que personne d’extérieur ne met pas la pression : c’est moi-même qui décide de cette charge de travail, de faire ce que je fais et de me lancer sur tel ou tel projet. Cela change beaucoup de choses. D’ailleurs, je ne limite pas qu’à YouTube puisque j’écris parfois des articles sur Air France Fanpage et que je viens de signer mon premier article pour Air&Cosmos. Enfin, c’est aussi une question d’habitude. Quand je préparais ma sélection pour les Cadets d’Air France en 2019 et 2020, cela me demandait déjà un fort investissement en parallèle de mes études. C’est un programme très sélectif et, si je n’ai pas atteint le second tour en 2019, j’ai pu l’atteindre l’année suivante avant que la sélection ne soit logiquement annulée en raison de la Covid-19. Cela montre qu’il faut s’accrocher quand on est motivé. Ce n’est que partie remise !

 

Comment t’y prends-tu pour préparer les vidéos de ta chaîne YouTube ?

Nathan Doléac : Bien souvent, la partie la plus longue et la plus compliquée concerne la prise de contact : il faut se rapprocher de la personne, obtenir son accord, trouver un créneau malgré des emplois du temps compliqués, etc. Finalement, le travail relatif à l’interview est plutôt simple et, avant de contacter la personne, je prépare toujours assez rapidement une liste de sujets intéressants que l’on pourrait aborder ensemble, en sachant qu’il sera impossible de tout faire sinon les vidéos dureraient 10 heures ! Par contre, il y a un autre travail à faire en amont au niveau des autorisations : les interviews doivent se faire en accord avec les règles de confidentialité des compagnies aériennes et des pilotes. On discute ainsi du contenu de l’échange avant le tournage et cela peut prendre du temps. Prenons par exemple ma vidéo avec David, un ami commandant de bord sur Airbus A350 : elle dure 30 minutes au final, mais avant de la tourner, on a dû parler au moins une bonne heure et demie par téléphone. Enfin, il faut se dire que chaque vidéo se construit sur du temps long. Il peut se passer 6 mois entre la première prise de contact et l’upload de la vidéo sur ma chaîne. Ce qui m’importe avant tout, c’est que les gens trouvent de l’intérêt à chacune de mes vidéos, qu’ils apprécient les questions et les intervenants. Et là, l’interview avec Jean-François Clervoy, une figure déjà connue du milieu de l’air et de l’espace, a nécessité encore plus de travail. En plus de se faire présentiel, ce qui demande une autre logistique, elle m’a demandé également de creuser vraiment son parcours et ses choix de carrière, de trouver des anecdotes le concernant…

 

 

Justement, comment as-tu fait pour « mettre la main » sur Jean-François Clervoy ?

Nathan Doléac : C’est grâce à Joris Bossard, un passionné de spatial qui fait énormément de conférences sur le sujet. Joris m’avait contacté suite à ma première vidéo. Le courant est bien passé entre nous et il m’a invité à venir avec lui au Star’s Up, le festival de l’espace de Meudon, l’été passé. Comme il connaissait personnellement Jean-François, il pensait que c’était une bonne occasion pour me le présenter. Malheureusement, je n’ai pu que le croiser en coup de vent lors de l’événement. Joris m’a alors donné son email et c’est comme ça que j’ai pu lui envoyer ma demande.

 

Quel est ton plus beau souvenir de vidéaste jusqu’à présent ?

Nathan Doléac : Parmi les questions que je pose à mes invités, il y en a toujours une portant sur les potentielles situations délicates qu’ils ont eu à gérer en vol. Et je retiens justement celle qu’a pu me confier David, lorsqu’il a dû gérer une fermeture de frontière. Il a dû changer de plan de vol, se poser puis redécoller tout en devant faire face à un problème de carburant et s’occupant des passagers via ses équipes – les copilotes, le personnel naviguant… C’est un bon exemple des capacités de management indispensables à un pilote face à une situation inhabituelle et non prévue. Je retiens aussi un point commun à tous mes invités : leur humilité. Cela me marque à chaque fois. Tous vous rappellent l’importance d’écouter ses équipes, de prendre des décisions avec eux : un commandant de bord ne fait pas à lui seul la réussite d’une mission.

 

Nathan Doléac (IPSA promo 2022) : un IPSAlien actif sur YouTube !